Allilavu 👀 // Paris
- Allilalu
- 17 janv. 2022
- 2 min de lecture

Aller à Paris une, deux ou trois fois par an et retrouver ses immeubles de sucre beige, aux toits de vague couleur mer du Nord. Choisir les expositions où l’on aimerait promener ses pas, appeler les amis nombreux qui y habitent et puis se demander comment tous les revoir en trois jours, fabriquer un itinéraire dans les arrondissements qu’on n’a pas encore arpentés. Sélectionner un cimetière avec des gens très célèbres et fort morts, se promettre d’aller voir les fossiles effrayants et les papillons crucifiés chez Deyrolle, y acheter une minuscule coquille d’escargot qu’on montera en broche, prendre un thé à la menthe à la Grande Mosquée, acheter un fromage dégoutant et un croissant pur beurre; monter et descendre les rues jusqu’à ce que les semelles chauffent et fondent un peu, rentrer dans toutes les églises rencontrées, on ne sait jamais. Retrouver les rues de Balzac, d’Hugo et de Dumas. S'entendre affirmer par une copine parisienne que c'est la honte de se promener avec un guide de voyage, qu'on pourrait te prendre pour une touriste. Se dire que putain c’est vraiment une ville avec trop de monde, quel enfer, en plus ça pue. Se faire marcher dessus dans le Marais, avoir les oreilles qui bourdonnent du bruit des bagnoles, des métros, des gens, se cogner à tous les angles de meubles dans l’appartement de poupée des amis, se sentir vaguement oppressé. Se coucher crevé avec la sensation d’avoir été aspiré, sucé et puis recraché tout flageolant par Paris. Se lever très tôt le matin quand la ville est peuplée seulement de clochards, d’ouvriers et de vieilles personnes qui préservent leurs os fragiles de la cohue qui arrive. S’assoir sur une chaise en plastique tissé face à la rue, autour d’une table en bois vernis qui colle et boire un café. Se demander pourquoi on déteste les Parisiens par principe quand le serveur t’offre un deuxième spéculoos avec un clin d’œil. Jeter un petit coup de pied sournois au pigeon qui a grillé le 2e spéculoos. Faire la liste de tout ce qui reste à voir pour la prochaine fois et se promettre d’y revenir plus longtemps pour quand même une fois dans ta vie monter sur leur espèce de grand tire-bouchon en acier là alors qu'en vrai, chez toi, t'as jamais grimpé dans l'atomium.
Comentários